La sleeve par laparoscopie pour obésité morbide au CHR de Huy

La gastrectomie longitudinale, généralement appelée « sleeve » (ou gastrectomie tubulisée ou gastrectomie en manchon) est une intervention chirurgicale réalisée au CHR de Huy par laparoscopie destinée à traiter l’obésité morbide selon des critères de remboursement repris dans l’article « Les critères pour la chirurgie de l’obésité« .

Il s’agit d’une intervention chirurgicale fréquente, représentant en moyenne 50 % de l’activité de chirurgie bariatrique au sein de notre service de chirurgie de l’obésité du Centre Hospitalier Régional de Huy.

Indications chirurgicales de la sleeve par laparoscopie pour traiter l’obésité morbide

Comme mentionné dans l’article « Quels sont les différents types de chirurgie de l’obésité« , la sleeve est une opération de type restrictive. Cela veut dire qu’elle provoque une restriction importante de l’alimentation, elle-même secondaire à une diminution du volume de l’estomac.

Puisque le volume de l’estomac est réduit de 2/3, on peut estimer que le patient opéré mangera 1/3 de ce qu’il était capable de manger avant son intervention chirurgicale. Cette diminution de l’alimentation est donc responsable d’une perte de poids importante.

Son principe étant basé sur une restriction de l’alimentation, elle est donc parfaitement indiquée pour des patients qui mangent des grandes quantités d’aliments aux repas, patients que l’on appelle « hyperphages ».

Elle n’empêche pas les grignotages. La sleeve est donc moins indiquée pour les patients dont l’obésité est secondaire à des grignotages fréquents ou compulsifs.

Alimentation hyperphagique

Effets secondaires de la sleeve

Le reflux gastro-oesophagien

Reflux gastro-oesophagien : une complication fréquente de la sleeve

La sleeve a pour effet secondaire de provoquer, dans un certain nombre de cas (+/- 20%), des remontées acides de l’estomac vers l’oesophage. Cela s’appelle du reflux gastro-oesophagien. Les signes (symptômes) sont : sensation de brûlure dernière le sternum, douleurs à l’estomac, ….

Ce reflux doit être traité car il peut provoquer une inflammation de l’oesophage.

Il est dans un premier temps traité par des médicaments qui diminuent l’acidité dans l’estomac.

Si cela n’est pas suffisant, une transformation de la sleeve en by-pass gastrique peut être discutée avec le chirurgien.

Risque de carences en vitamines et/ou en protéines

Le risque de carences en vitamines est secondaire à une modification de l’alimentation et un appauvrissement de celle-ci en vitamines et en protéines. La réalisation de prise de sang régulière surveille ainsi la survenue éventuelle de ces carences.

En cas de carences, un complexe multi-vitaminés est indispensable. Le choix des vitamines dépend de votre intervention.

Un enrichissement de l’alimentation quotidienne en protéines est d’importance primordiale afin de garder une masse musculaire appropriée à la réalisation d’exercices physiques.

La lithiase vésiculaire

L’apparition de « pierre » dans la vésicule biliaire est relativement fréquente après un amaigrissement important et rapide. Cela peut arriver aussi bien après un régime ou après une chirurgie bariatrique. L’apparition de cette lithiase vésiculaire est secondaire à la saturation de bile en cholestérol. Ce cholestérol provient des tissus gras du corps en cours d’amaigrissement.

En cas de douleurs secondaires a cette lithiase vésiculaire, une ablation de la vésicule (cholécystectomie) est nécessaire.

Contre-indications de la sleeve

La présence d’un reflux gastro-eosophagien avant l’intervention de sleeve est donc une contre-indication à la réalisation de celle-ci. Une sleeve provoquerait une aggravation du reflux, altérant ainsi nettement le confort du patient.

Dans ce cas, la réalisation d’un by-pass est une possibilité.

Avant toute chirurgie bariatrique, un examen endoscopique de l’estomac (gastroscopie) est obligatoire. Le chirurgien s’assure ainsi de l’absence de contre-indication.

Technique chirurgicale de la sleeve par laparoscopie au CHR de Huy

La sleeve par laparoscopie au CHR de Huy est une opération fréquente pour traiter l’obésité morbide.

Il s’agit d’une technique chirurgicale réalisée par des petites incisions au niveau du ventre (en moyenne 5 incisions)(image 1).

Une caméra est glissée dans le ventre par une de ces incisions et celle-ci guide les gestes du chirurgien. Le chirurgien et son assistant manipule ainsi les instruments chirurgicaux à travers les autres incisons. L’intervention est donc réalisée à travers ces petites incisions , en regardant un écran vidéo qui montre ce qui se passe dans la cavité abdominale (image 2).

Pour cela, le ventre est gonflé par du gaz (gaz carbonique = CO2) afin d’obtenir un espace de travail possible pour le mouvement des instruments (image 3). Ce gaz est maintenu dans le ventre sous pression constante. Ce gonflement, appelé pneumopéritoine, peut provoquer des douleurs au niveau des épaules, après l’intervention chirurgicale. Ces douleurs durent quelques heures à maximum quelques jours.

Incisons cutanées à la fin de l'intervention de sleeve au CHR de Huy
Image 1 : Incisons cutanées à la fin de l’intervention de sleeve
Installation du patient pour une sleeve au CHR de Huy
Image 2 : Installation du patient et de l’écran vidéo
Mise en place des trocards pour une sleeve au CHR de Huy
Image 3 : Tuyau d’insufflation du CO2 dans la cavité abdominale

La section de l’estomac est réalisée par un système d’agrafage mécanique, qui ferment et coupe l’estomac. Plusieurs rangées d’agrafes sont mises en place pour sectionner l’estomac sur toute sa longueur. La section de l’estomac est réalisée sur un tube de calibration, ce qui permet au chirurgien de laisser toujours le même volume d’estomac. Après chaque rangée d’agrafe, ce tube est mobilisé afin de s’assurer de l’absence de rétrécissement au niveau du tube d’estomac laissé en place.

Le morceau d’estomac qui est enlevé est ensuite extrait de la cavité abdominale par une des incisions (image 4).

Gastrectomie sleeve au CHR de Huy
Image 4 : estomac sectionné retiré du ventre

L’alimentation après une sleeve

En l’absence de complications lors de la visite médicale le lendemain matin, votre chirurgien autorise la reprise d’une alimentation liquide.

Cette alimentation strictement liquide se continue pendant une dizaine de jours afin de protéger la cicatrisation de la ligne d’agrafage de la sleeve.

Ensuite, l’alimentation solide débute progressivement. Elle est d’abord de consistance molle. Ensuite, reprise d’une alimentation normale et variée en fonction de la tolérance. Notre équipe de diététicienne spécialisée en chirurgie bariatrique guide le patient pour cette reprise de l’alimentation.

Il est important de bien suivre les conseils suivants :

  • Ne jamais forcer : si vous ressentez une sensation d’estomac plein (effet de satiété), arrêtez de manger pour le moment. Vous retournerez à votre repas plus tard
  • Fractionner votre alimentation : 3 repas principaux en petite quantité + 3 collations.
  • Rester assis bien droit après votre repas pendant au moins 20 à 30 minutes. L’idéal est même d’aller vous promener après votre repas afin de favoriser la descente de vos aliments au sein de l’estomac tubulisé.
  • Eviter de consommer des boissons gazeuses.
  • Ne pas vomir. Les efforts de vomissement provoquent une hyper pression au niveau de le ligne d’agrafage qui est dangereuse pour sa cicatrisation.

Résultats de la sleeve par laparoscopie sur la perte de poids

En moyenne, la perte de poids est de l’ordre de 70 % de perte d’excès de poids au bout de 5 ans.

Exemple :

Prenons le cas d’un patient dont voici les mensurations : 140 kg pour 1,75 mètre.

  • IMC (indice de masse corporelle) ou BMI (Body Mass Index) est de 140 /(1,75 x 1,75) = 45,71 kg/m2
  • Poids « idéal » pour un BMI de 25 (valeurs normales entre 20 et 25) est donc de (1,75 x 1,75) x 25 = 76,5 kg
  • Excès de poids par rapport à un poids « idéal » est donc de 140 – 76,5 = 63,5 kg

La perte de poids que l’on peut espérer au bout de 5 années de suivi est donc de 63,5 x 0,7 = 44,5 kg

Le patient va donc pouvoir espérer stabiliser son poids aux environs de 140 – 44,5 = 95,5 kg, à condition d’avoir un suivi médical, diététique et éventuellement psychologique pendant les 5 années qui suivent son opération.

Bien entendu, le résultat est variable d’une personne à l’autre, en fonction

  • des efforts diététiques réalisés
  • de la reprise d’activité physique,
  • de la qualité du suivi.

Malheureusement, quelques patients abandonnent le suivi en cours de route, et dans ce cas, les résultats sont souvent très décevants.

Il ne s’agit donc pas d’une intervention « miraculeuse » avec laquelle on maigrit sans effort. Il s’agit d’une aide apportée par le chirurgien et son équipe.

Le rôle du patient dans SA perte de poids est essentielle.

La perte d’excès de poids peut varier d’un patient à l’autre, entre 50 % et 80 % au bout de 5 ans.

Complications de la sleeve

La sleeve est un excellent traitement de l’obésité morbide mais la technique expose à certains risques qu’il convient de présenter pour une information médicale complète.

Les explications ci-dessous n’ont pas pour but d’effrayer le patient intéressé ou candidat à une chirurgie bariatrique. Cependant, l’information complète du patient est importante, voir même obligatoire. Une information complète au patient est indispensable afin qu’il donne son accord pour la réalisation de cette chirurgie. Cela s’appelle « le consentement éclairé« . Il ne s’agit pas d’une décharge de responsabilité du chirurgien mais d’une information claire et honnête du patient par son chirurgien.

Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais reprenant les complications les plus fréquentes.

Ces complications surviennent dans 3 à 5 % des interventions chirurgicales, ce qui veut dire que dans 95 à 97 % des cas, tout se passe bien !

Bien entendu, l’ensemble des équipes met tout en oeuvre pour diminuer au maximum les risques de complications post-opératoires. Cela passe par une technique chirurgicale de pointe, rigoureuse et approuvée mais aussi par une surveillance stricte des patients en post-opératoire par l’équipe chirurgicale et par l’équipe de soins infirmiers.

Malgré tout, il s’agit d’interventions chirurgicales complexes chez des patients fragilisés par leur maladie « obésité ». La mortalité n’est donc malheureusement pas nulle et est de l’ordre de 1%.

Complications post-opératoires précoces

  • La fistule sur l’agrafage de l’estomac : il s’agit d’un « trou » au niveau de l’agrafage de l’estomac. Cela provoque un écoulement de liquide gastrique de le ventre. Cela se manifeste le plus souvent par des douleurs abdominales intenses et par de la fièvre. La prise en charge est urgente car il s’agit d’une complication sévère. Le traitement peut être chirurgical si l’état du patient le nécessite. Si la fuite n’est pas trop importante et que l’état du patient permet une prise en charge endoscopique, »conservatrice »(non chirurgicale), celle ci représente le premier choix. Dans le cas d’une prise en charge endoscopique par les médecins gastro-entérologues, il s’agit le plus souvent de la mise en place d’une prothèse dans l’estomac tubulisé qui permet de couvrir cette fuite. Dans tous les cas, les antibiotiques sont indispensables. Cela peut arriver après le tour du patient à domicile. La période « à risque » est de l’ordre de 10 jours. L’apparition de douleurs importantes au niveau de l’estomac, surtout avec de la fièvre, impose un retour rapide au service des urgences.
  • Le saignement sur l’agrafage de l’estomac : cela peut provoquer un hématome (collection de sang) dans la cavité abdominale. L’importance de cet hématome justifie dans certains cas une seconde opération par laparoscopie afin d’éliminer cet hématome. Cette complication est de plus en plus rare. Lorsqu’elle survient, le patient est généralement toujours à l’hôpital et la prise en charge est alors rapide.
  • Les infections de cicatrices arrivent parfois. Le plus souvent, c’est la cicatrice de sortie de l’estomac qui est en cause.

Complications post-opératoires tardives

  • La sténose de la sleeve : il s’agit d’un rétrécissement du tube d’estomac. Cela provoque une difficulté d’alimentation avec des blocages alimentaires et des vomissements. Le traitement peut être endoscopique (par voie interne) en réalisant une dilatation. Pour cela, le gastro-entérologue endoscopique positionne un ballon dans le tube gastrique, à hauteur du rétrécissement. Le gonflement de ce ballon permet d’élargit le passage. Plusieurs séances peuvent être nécessaires. En cas d’échec de ce traitement endoscopique ou en cas de récidive, une opération peut être nécessaire.
  • Le reflux gastro-oesophagien : nous en avons déjà parlé plus haut dans cet article.

Les complications « non chirurgicales »

Les patients bénéficiant d’une opération dans le cadre de leur obésité présentent un risque d’embolie pulmonaire élevé (par rapport aux patients opérés sans obésité). Afin de diminuer ce risque, une mobilisation rapide du patient par le (la) kinésitérapeuthe est indispensable. Des injections sous la peau de médicaments (héparine – HBPM) sont obligatoires pendant l’hospitalisation, ainsi que pendant un minimum de 20 jours après le retour à domicile.

Fréquence globale des complications après une sleeve

Dans la littérature médicale spécialisée, le taux de complications après une sleeve par laparoscopie comme traitement de l’obésité est de l’ordre de 3%, le risque étant sensiblement le même après une opération au CHR de Huy.

Le risque de mortalité est de l’ordre de 0,1 %.

La durée de l’hospitalisation pour une sleeve au CHR de Huy

La durée de l’hospitalisation au CHR de Huy pour une intervention de sleeve par laparoscopie comme traitement de l’obésité est en moyenne de 48 heures.

Le patient entre le jour de son opération. Il doit absolument respecter le jeûne selon les consignes données par le service d’anesthésie lors de la consultation pré-opératoire. Le repas de la veille au soir doit être un repas léger.

En l’absence de complication, le patient opéré reste deux nuits à l’hôpital pour la surveillance post-opératoire et pour permettre une réalimentation progressive.

Conclusions

La sleeve par laparoscopie est une intervention très fréquemment réalisée au CHR de Huy comme traitement de l’obésité morbide.

Il s’agit d’une chirurgie qui offre d’excellents résultat à long terme au prix du respect de consignes strictes en ce qui concerne le comportement alimentaire, le suivi médical et chirurgical, le suivi diététique, le suivi psychologique, la reprise d’activité physique régulière.


Auteur : Dr. Alain Postal | Chirurgie abdominale - Chirurgie des glandes endocrines - Chirurgie de l'obésité - Pancréatologie chirurgicale - Chirurgie oncologique du sein.

Articles liées

Les critères de remboursement

Chirurgie de l'obésité

Quels sont les critères de remboursement de la chirurgie de l’obésité ? Puis-je être opéré ? L’INAMI (Institut National d’Assurance Maladie Invalidité) défini strictement les conditions de remboursement par l’article 14 d de l’annexe à l’arrêté royal du 14 septembre... Lire plus

Combien coûte une chirurgie de l'obésité ?

Chirurgie de l'obésité

La plupart de nos patients se posent une des questions suivantes: « Combien coûte une chirurgie de l’obésité ? combien coûte la réalisation d’une sleeve ? combien coûte un by-pass ? «  Si les critères de remboursement expliqués dans un autre... Lire plus

Tout savoir sur le by-pass

Chirurgie de l'obésité

Vous voulez tout savoir sur le by-pass gastrique ou sur la chirurgie de l’obésité morbide ? Les indications, la technique chirurgicale, l’alimentation après la chirurgie, les effets secondaires, la perte de poids, les complications,… Introduction Le by-pass gastro-jéjunal, autrement appelée « by-pass... Lire plus

La charte du patient en chirurgie bariatrique

Chirurgie de l'obésité

Je donne des informations médicales et mes antécédents complets Je m’engage à donner des informations complètes à l’équipe médicale concernant mes antécédents. Cacher volontairement des antécédents médicaux, y compris psychiatriques, peut avoir des conséquences médicales graves sur mon état de... Lire plus

Les chirurgies expliquées par Dr. Alain Postal

Chirurgie de la vésicule biliaire


La chirurgie de la vésicule biliaire est très fréquente et justifiée par différentes maladies : lithiase vésiculaire symptomatique, cholécystite aiguë ou chronique et plus rarement pour des polypes et un cancer vésiculaire. Les différentes maladies justifiant une intervention d’ablation de...

Chirurgie de l'obésité


Quels sont les différents types de chirurgie de l’obésité ? Quelles sont les différences entre la chirurgie restrictive et la chirurgie de malabsorption. Il existe deux grandes catégories de chirurgie de l’obésité (chirurgie bariatrique) : la chirurgie restrictive qui entraîne une...